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«Valérie Dittli résidait à Lausanne, c’était mon intime conviction»

Valerie Dittli, future conseillere d'Etat vaudoise, est photographiee lors de la ceremonie d?installation et d?assermentation des membres du Grand Conseil et du Conseil d?Etat vaudois ce mardi 28 ...
Valérie Dittli lors de la cérémonie d'assermentation. Lausanne, 28 juin 2022. Image: KEYSTONE

«Valérie Dittli résidait à Lausanne, c’était mon intime conviction»

Un domicile pour la politique, un autre pour les impôts: mais comment Le Centre a-t-il pu passer à côté du dossier fiscal de Valérie Dittli, sa candidate au Conseil d'Etat? Si démission il y a, l'UDC briguera certainement le siège vacant.
11.03.2023, 18:5412.03.2023, 23:55
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«Mme Dittli avait son domicile fiscal dans le canton de Zoug et son domicile secondaire dans le canton de Vaud, et c’est légal», est devenu la ligne de défense des centristes vaudois, aux prises avec des révélations mettant en difficulté leur conseillère d’Etat, Valérie Dittli. C’est un ancien poids lourd du parti, Raymond Loretan, ex-secrétaire général du PDC suisse (devenu Le Centre en 2021), qui a servi ces éléments de langage vendredi soir sur le plateau du 19h30.

Ces éléments, le président du Centre Vaud, Emilio Lado, à ce poste «depuis juin 2022», tient-il à préciser, ne les possédait pas mercredi, lorsque watson lui a demandé s’il était au courant des allers-retours fiscaux de Valérie Dittli entre sa défaite aux municipales lausannoises de mars 2021 et sa victoire aux cantonales vaudoises un an plus tard. Il nous disait: «Ce que je peux dire, c'est que Mme Dittli avait son domicile fiscal à Lausanne lorsqu'elle s'est présentée aux deux scrutins, conformément aux règles en vigueur».

«Mais on n’a jamais parlé de domicile fiscal»

D’après Raymond Loretan, qui cite la «jurisprudence fédérale», Valérie Dittli, 30 ans, avait le droit, comme étudiante, d’avoir un domicile fiscal «chez ses parents» et un domicile secondaire à Lausanne. Pourquoi ce distinguo est-il soudainement apparu? Parce que la RTS a révélé que Valérie Dittli a «transgressé» les statuts du parti.

Des statuts qu’elle avait elle-même contribué à rédiger et qui stipulent que le président ou la présidente du Centre Vaud est tenu de résider dans le canton. «Mais on n’a jamais parlé de domicile fiscal», a objecté Raymond Loretan, qui affirme qu’une résidence de type secondaire fait l’affaire en l’espèce. L’expert mandaté par le Conseil d’Etat vaudois pour donner un avis de droit sur le parcours fiscal de la ministre des Finances cantonales dira si ce distinguo est légalement valable, sachant que Valérie Dittli était salariée par le canton en tant que doctorante-assistante à l’Université de Lausanne (Unil). La légalité, si elle est reconnue, effacera-t-elle l’impression d’avoir été peut-être un peu «baladé»?

«Valérie Dittli résidait à Lausanne, c’était mon intime conviction», réagit ce membre du comité directeur du Centre Vaud, joint par watson.

«La question d’une domiciliation ailleurs que dans le canton de Vaud ne m’effleurait pas l’esprit et je pense que cela n’effleurait l’esprit de personne au sein du parti»
Un membre du comité directeur du Centre Vaud

«Nous avons une liste d’adresses pour l’envoi de courriers aux adhérents, je ne me souviens pas avoir vu autre chose qu’une adresse à Lausanne pour Valérie Dittli», dit-il encore. «Les impôts», enchaîne-t-il, sont une affaire privée, chacun a son salaire, fait ses déductions, mais de là à imaginer un domicile fiscal ailleurs que dans le canton de résidence, non. Je savais par ailleurs, pour en avoir discuté avec elle, qu’elle pourrait passer son brevet d’avocate à Berne ou à Zurich, mais, dans mon esprit, cela n'aurait pas remis pas en cause un domicile dans le canton de Vaud tant qu’elle restait parmi nous dans le parti.» Un domicile fiscal sur le lieu de vie? La chose allait, semble-t-il, de soi pour beaucoup des camarades centristes.

«C’était une évidence»

Ils la voulaient tellement, Valérie. La première fois, elle a fait l’effet d’une apparition. «C’était une évidence», reprend notre interlocuteur. Une évidence, au point qu'«elle a été élue par acclamation à la présidence du parti en 2020». L’histoire de son ascension commence à être connue, mais la répéter permet de souligner l’attrait que la jeune Zougoise a exercé sur des démocrates-chrétiens vaudois en pleine déprime après la perte du siège de Claude Béglé au Conseil national en 2019.

«Du dynamisme, de la volonté, de l’intuition. Elle dégageait tout cela et nous avons été plusieurs à nous en rendre compte. Avec elle, le PDC et futur Centre n’étaient pas morts»
Le membre du comité directeur précité

Arrivent les municipales lausannoises de mars 2021, le nom de Valérie Dittli s’impose, d’autres centristes sont candidats à ses côtés. Puis viennent les cantonales. Dans l’intervalle, la jeune femme a opéré l’aller-retour fiscal, objet de tant de questionnements. Qui présenter au Conseil d’Etat? «J’étais intéressé par une candidature, mais j’ai renoncé pour privilégier mon travail», explique notre interlocuteur. Une nouvelle fois, Valérie Dittli a fait l’unanimité.

«Elle est jeune, elle est femme, un air frais, des atouts auxquels nous avons bien sûr pensé»
Le membre du comité directeur précité

La Zougoise, vaudoise d’adoption, est désignée candidate en décembre 2021, lors d’une assemblée générale qui se tient à huis clos au Vaudois, fameuse brasserie lausannoise.

Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier

Rappelons-le, puisque c’est maintenant une subtilité: les statuts du Centre Vaud coélaborés par Valérie Dittli ne font nulle part état d’un «domicile fiscal». La future conseillère d’Etat devait considérer qu’elle n’enfreignait ni lois ni règles en ayant deux adresses, l’une pour la politique, l’autre pour les impôts. Et puis, soutient le membre du comité directeur du parti, «la vie professionnelle passe avant la vie politique». Valérie Dittli, à l’aube d’une carrière, n’allait pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Faut-il parler d’un manque d’expérience? D’amateurisme? Ce membre actif de l’UDC, un parti davantage rompu à l’exercice du pouvoir dans le canton de Vaud, réitère son «soutien total» à Valérie Dittli, mais il pense qu'à la place du Centre, son parti aurait posé un peu plus de questions à la Zougoise avant de la lancer dans la bataille électorale.

Personne ne parle encore de démission. Un départ de Valérie Dittli provoquerait une élection partielle. L’UDC se rangerait-elle derrière celui ou celle que pourrait présenter le Centre, face à une gauche criant revanche après son siège perdu au gouvernement au profit de Dittli? Réponse du membre de l'UDC:

«Je ne le pense pas, sans doute nous lancerions-nous dans la bataille. Nous ne pourrions pas soutenir quelqu’un dont le parti n’a même pas d’élu au Grand Conseil»

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